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Blog-sur-Loire

Mars 2021

Parole de Millière !
Agnès Legout-Catelain
Présidente de millière raboton

Dimanche 14 mars 2021
Les Rencontres batelières au Port de Chaumont sur Loire 

Ceux d’Loire
Passeur de Loire à Chaumont-sur-Loire

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Parole de Millière !

Agnès Legout-Catelain
Présidente de Millière Raboton

Rencontres batelières, Hélios sous le vent…
© Stéphane Doussard

Nous allons terminer une année d’exercice qui se déroule, pour notre activité, d’un 1er avril  à un 31 mars. Et, en cette année 2021, sonnent les 20 ans de l’aventure initiée par Jean LEY.

Avec beaucoup d’émotion et de satisfaction, nous allons fêter cet anniversaire, comme il se doit : dans le partage et la joie.

J’ai l’honneur de vous annoncer ici, 3 jours de festivités au port de Chaumont-sur-Loire, les 27-28-29 août 2021

Petite mise en bouche avant un programme détaillé :
une grande place sera faite à la musique multiple et à l’animation du lieu durant ces 3 jours, avec des expositions sur la batellerie de Loire et les poissons, des conférences de spécialistes, une rétrospective visuelle de l’aventure millière raboton, des petites balades en bateaux peu onéreuses, des soirées festives et la beauté inoubliable d’un temps fort qui fera mémoire.

Continuons la mise en bouche, avec une restauration appétissante sur place, et une soirée de clôture, à la nuit tombée, où aura lieu la représentation de « Femmes et Hommes de Loire ! » paroles, musique et projections sur la grand voile d’une toue millière raboton.

 Pour réussir ces 3 journées, venez nous rejoindre ! Venez mettre la main aux : montage d’un grand barnum ; tenue d’un stand, d’une buvette ; installation des expositions, etc… C’est avec la préparation que la fête commence !

Merci de nous faire part de vos disponibilités par mail sur info@milliere-raboton.net toute participation est la bienvenue, même ponctuelle !

Nous nous réjouissons déjà de ces joyeux moments à partager sur la rive et sur la Loire.

 

À bientôt sur l’eau
Agnès Legout-Catelain

Dimanche 14 mars 2021

Les Rencontres batelières au Port de Chaumont-sur-Loire

Peu importe le temps maussade – il décoche quelques belles lumières ligériennes, au passage – une trentaine de personnes – des mariniers de Loire et leurs proches – ont pris place à bord de 4 toues millière raboton, ce dimanche 14 mars, vers midi.

Initiative millière raboton, la 1ère édition des Rencontres batelières a eu lieu, en comité plus restreint, en octobre 2020. L’idée est de faire connaissance ou de mieux se connaître, entre mariniers de Loire et de ses affluents, d’échanger autour de problématiques professionnelles, d’imaginer des formes de collaboration, et de prendre du plaisir à être, tout simplement, ensemble sur le fleuve.

Observatoire de Loire (Blois), Les Marins du port de Chambord, Boutavent (Tours), Saponaire (Cher), Tasciaca (Cher), Moments de Loire (Chaumont), La Rabouilleuse (Rochecorbon) – une petite pensée pour Sandrine du Cherlock (Montrichard) qui, souffrante, n’a pu nous rejoindre – et les pêcheurs professionnels : Philippe Boisneau, Nicolas Bonnet, Thierry Bouvet, ont participé à l’aventure. Les guides-pilotes millière raboton – Paul, Stéphane, Thomas – accompagnés de nos chers bénévoles Claude Chéron et Jean-Claude Pilleboue, étaient partants pour rendre mémorable, ce dimanche. Il le fût par le pique-nique partagé sur l’île de la Chaumine. Il le fût aussi par la qualité des échanges, après quelques considérations sur les réparations et l’entretien des voiles, moteurs et autres accessoires… les propos ont évolué vers le partage, le « faire » ensemble, pour casser l’isolement de chacun sur son territoire de navigation. Ce serait bien que les infos circulent plus, entre nous, et que les différentes associations se rapprochent. Ainsi, La Rabouilleuse au profil École de Loire, peut permettre de compléter des formations. Il peut être, également, envisagé de diriger les touristes vers les uns et les autres, en valorisant les offres des autres mariniers : chaque offre est spécifique et mérite le détour. Un exemple entre autres : pourquoi pas intégrer aux dégustations, le Garum de Thierry Bouvet ? Au cours des échanges, on a constaté que 4 structures projetaient la construction d’un nouveau bateau. Peut-on imaginer mutualiser nos commandes ? Côté plaisir et découvertes, explorer un autre territoire de navigation représente une belle expérience et rend curieux d’autres territoires à parcourir. Clément, quant à lui, retrouvait d’anciens sillages du temps de ses saisons millière raboton. Les 5 heures de balade ont convaincu les participants de prendre le relais d’autres rencontres batelières, nous en sommes très heureux, à millière raboton ! Comme un beau symbole sur l’eau, regardez les photos du retour : les 4 barques se sont solidarisées pour avancer de front !

© Stéphane Doussard

Ceux d’Loire

-Roger-Auguste Rabin-

1er épisode : Passeur de Loire à Chaumont-sur-Loire

© collection personnelle
Avant d’évoquer la vie, entre métier et héroïsme, du dernier passeur de Chaumont-sur-Loire, Roger-Auguste Rabin, rappelons à grand trait, le feuilleton des constructions et destructions du pont qui enjambe le fleuve.

Grandeur et vicissitudes d’un pont ligérien*
La nécessité de construire un pont reliant les lieux connus aujourd’hui comme Onzain et Chaumont-sur-Loire, ne date pas d’hier ! On a retrouvé trace d’un courrier de François 1er daté de 1539, intimant l’ordre de construire un pont à cet endroit. On imagine qu’un bac devait être en service, entre Écures (Onzain) et le village de St-Martin (Chaumont-sur-Loire), avant octobre 1858, année où un pont fut inauguré : pont suspendu à péage, de 6 travées d’une portée de 70m. Les guerres s’avèrent peu propices aux ponts. Le 10 décembre 1870, pour faire barrage à l’avancée prussienne, l’Armée française incendie les deux 1ères travées. L’Armée allemande n’en reste pas là, et le 26 décembre 1870, elle coupe carrément les câbles ! Le passeur reprend donc du service de mai 1871 à février 1873, mois où l’on inaugure un nouveau pont, construit en amont de l’ancien. De 1932 à 1935, de gros travaux sont entrepris : le tablier est élargi en béton armé et la suspension renforcée. La Seconde Guerre mondiale se révèle tout aussi catastrophique pour le pont de Chaumont : le 18 juin 1940, l’Armée française le dynamite pour contrer le déferlement de l’Armée allemande. En 1941, on aménage une passerelle en bois à voie unique. Puis, en 1951, elle sera remplacée par une passerelle métallique. En 1967, on lance le chantier d’un nouveau pont à structure d’acier, il sera ouvert à la circulation en 1970.
*(sources internet : Structurae, Ressources pour le Génie Civil)

 

© sources internet

De Muides à Chaumont-sur-Loire
En 1940, le pont de Muides subit le même sort que celui d’autres ponts de Loire, enjeux stratégiques, au cœur de la tentative désespérée de repousser l’avance allemande. À cette date, Roger-Auguste Rabin reprend la charge de passeur de Loire entre Mer et Muides. Le pont est remis en état assez rapidement (en 2 ans). Mer, grosse bourgade, nécessite cette ouverture vitale vers Muides pour maintenir l’important passage entre Beauce et Sologne. Roger-Auguste Rabin, déchargé de son office, pose sa candidature à celui de passeur à Chaumont-sur-Loire, qui se trouvait vacante. Entre Écures et Chaumont, il y a beaucoup de trafic, c’est un axe également très fréquenté. Les états de service de Roger-Auguste Rabin pendant ses 2 années d’exercice à Muides, sont excellents et plaident en sa faveur. Le Préfet du Loir-et-Cher, le nomme à Chaumont. Il y arrive en mars 1942. Il restera en place jusqu’en novembre 1951, date où sera inaugurée une passerelle provisoire.

 

© collection particulière

Vie de passeur à Chaumont-sur-Loire
Roger-Auguste Rabin s’installe avec sa nombreuse famille – le couple élèvera 8 enfants – dans une maison située actuellement, rue du Passeur, nom donné a posteriori pour signifier que le passeur y avait sa maison. Son statut professionnel est celui de travailleur indépendant, titulaire d’une concession de droit de passer pour assurer le trafic entre les 2 rives. Dans l’environnement de son activité, il a de fréquents contacts avec les ingénieurs des Ponts et Chaussées (actuellement Direction Départementale des Territoires, DDT, anciennement DDE), Roger-Louis Rabin, fils de Roger-Auguste, se souvient de sa proximité, en particulier, avec 2 ingénieurs dont les fréquentes missions de surveillance des digues et des ponts, les rendaient proches des bateliers : Mr Riby et Mr Faucheux. Roger-Auguste Rabin est propriétaire de ses bateaux, fûtreaux d’une dizaine de mètres. Il ne possède pas de cabane. Selon l’étiage, il aménage un coin propice, souvent au pied de la 1ère arche du pont actuel. La fréquence des eaux basses pose le problème de renouveler très souvent les accès. Pour monter dans le bateau, les passagers empruntent des planches. Hautes ou basses eaux, le chenal du passage, arrive, côté Onzain, à Écures, pratiquement à hauteur de la maison du milieu (maisons d’Écures alignées au bord de la Départementale 152, en direction de Blois), un escalier y facilitait l’accès à la route. Ce fût un restaurant du temps où Roger-Auguste Rabin exerçait son métier : L’Auberge du Pont. Ce restaurant était tenu par une personnalité locale, haute en couleur : Paul Leclerc. À l’époque, toutes les manœuvres et navigation, s’effectuent principalement à la bourde ou par Motogodille. (moteur qui ressemblait à celui d’une moto, à repérer sur la photo du passeur ci-dessus). Il n’y a pas, à proprement parler, d’horaires, c’est un peu selon les jours, sauf pour les allers et retours lors de la tenue du marché d’Onzain, événement important s’il en est, et qui bénéficie d’horaires réguliers. Le règlement des traversées dont les montants étaient fixés, pouvait prendre une tournure particulière. Roger-Louis Rabin se rappelle une anecdote savoureuse : « Un paysan qui élevait des moutons, ne payait jamais les passages, mais régulièrement, faisait cadeau d’un agneau à mon père. » Un échange en nature non prévu dans la législation !

 

Un comportement remarquable
Roger-Auguste Rabin, né en 1911, a 31 ans quand il arrive à Chaumont. Pendant l’occupation allemande, être passeur de Loire, n’est pas de tout repos ! À côté des animaux de la ferme et de la population locale, il faut accueillir à bord les patrouilles allemandes et les sinistres sbires de la Gestapo. Ces passages-là, se déroulent en plein jour. La nuit, feux éteints, au jugé dans le noir, en mettant en œuvre toute la mémorisation qu’il possède sur ce parcours accompli tant de fois, Roger-Auguste Rabin passe les parachutages en armes et en hommes, de la Résistance. À partir d’une certaine époque, il ne dort plus chez lui. Dans la cave de sa maison, sous un gros tas de pommes de terre, s’entassent des caisses de grenades. Il est arrivé à la patrouille allemande qui surveillait le bon respect du couvre-feu, de rentrer dans cette cave pour prendre un moment de répit et boire un bon coup sans se douter de ce qu’elle abritait…

 

Un lieu stratégique
Chaumont-sur-Loire, n’est pas trop éloigné de la ligne de Démarcation qui passe par la vallée du Cher. En forêt de Montrichard, les parachutages en hommes et en armes, vont bon train. Certains bateliers entrent en résistance pour permettre de franchir la Loire et ouvrir ainsi le passage vers la Zone occupée. « Ma mère était dans le secret, et au moindre coup dans les volets, elle savait que ça signifiait, traversée urgente, en pleine nuit… Après la dernière guerre, mon père a été reconnu comme maquisard, et honoré en ce sens », c’est ce que rapporte, aujourd’hui Roger-Louis Rabin. Il évoque également le souvenir d’une fête chez un voisin, pendant le couvre-feu, juste pour narguer les Allemands. « Mon père ne parlait pas de ce qu’il faisait et ne se prenait pas pour un héros. C’est ma mère qui nous a tout raconté ».

 

 

 

© collection particulière

Un véritable héros
« À Chaumont, les soldats allemands avaient posté, sur le haut du coteau, une mitrailleuse braquée sur l’endroit précis où mon père amarrait son bateau. Quand mon père avait à effectuer un passage clandestin, il entrait dans l’eau pour pousser le bateau en se coulant sur le flanc caché du bateau, tout en prenant bien soin de ne pas laisser dépasser sa tête…le but de la manœuvre étant de démarrer d’un bord de rive non repéré et donc hors de la mitraille. Une fois, alors que rien de mon père ne dépassait du bord du bateau, une balle est venue se ficher dans la deuxième planche, à hauteur de sa tête. Il réchappa miraculeusement à une mort certaine, ce qui ne l’a pas arrêté dans sa course, même s’il se doutait que les soldats allemands attendaient qu’il se retrouve au milieu de la Loire, pour le canarder à découvert. Ce qu’ils s’apprêtaient à faire quand la mitrailleuse en question s’est déréglée par miracle, ce n’était pas son heure. On a récupéré la balle logée dans la planche et mon frère, l’a longtemps portée en médaillon. L’histoire de ce bateau continue jusqu’à un épilogue singulier, après avoir été utilisé par un cousin germain de Roger-Louis Rabin, devenu pêcheur professionnel, il se retrouve, aujourd’hui au milieu d’un rond-point à Muides sur Loire. La photo ci-dessus constitue un document historique, très émouvant, les silhouettes debout, sont celles des 1ers Américains parvenus jusqu’à Onzain,et qui traversent la Loire pour aborder à Chaumont.

 

Du futreau à la drague
« À Muides, avant d’être passeur, mon père travaillait à la drague comme salarié, et en parallèle, il menait des activités de pêcheur en compagnie de son frère. En novembre 1951, l’ouverture de la passerelle entre Écures et Onzain, rend caduque la traversée en barque de la Loire. Mon père opère une reconversion professionnelle et installe, à Chaumont-sur-Loire, une entreprise de dragage »

 

> Dans le blog avril 2021 :

vous découvrirez l’histoire de la drague de Chaumont sur Loire

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