Blog-sur-Loire
Octobre 2018
Parole de Millière !
Françoise Benassis
Blogueuse pour Millière Raboton
Françoise Benassis
Les gilets de sauvetage sèchent pendus en file indienne sur une bourde.
Une douce mélancolie prend ses quartiers. La haute saison s’achève…
Un peu plus loin, une toue retournée sur deux tréteaux expose ses flancs qu’il faudra restaurer. Le chantier se tiendra à ciel ouvert. Il faut refaire complètement les deux bordées de Boire courant.
Cependant pas question de se laisser aller à la tristesse : pour se revigorer rien de tel qu’un apéro sur l’eau et une petite friture à déguster avec les doigts comme il se doit !
En cette agréable soirée du 1er octobre, Gérard, grand pêcheur devant l’éternelle Loire, officie à la friture en plein air sur le port de Chaumont. Il prépare généreusement les produits de ses pêches assidues pour ses amis estampillés Millière Raboton ou sympathisants de la rive. Une table est dressée chacun y pose de quoi festoyer entre amis. L’apéro se présente bien. Les voisines du port – Catherine et Marianne – déposent sur la table une quiche aux asperges et un gâteau russe au fromage blanc nommé vatrouchka.
Scène paisible sur le port où il fait bon trinquer pour le plaisir de partager un beau moment au bord du fleuve avec à l’horizon, en fin de soirée, l’embrasement d’un coucher de soleil automnal.
Quelques mots sur la haute saison 2018. Sans être exceptionnelle, c’est une bonne année. On aurait pu penser que la Coupe du Monde de football, la canicule et la baisse des eaux freineraient la fréquentation : il n’en a rien été ni pour les balades ni en prestations ! Les tests de traversées Amboise/Rilly –Veuves se sont révélés très positifs surtout pour Amboise. En ce qui concerne Rilly-Veuves, il serait judicieux, pour l’année prochaine, d’imaginer des offres incitatives : circuits découvertes, dégustations… pour développer le nombre de candidats au passage.
À bientôt sur l’eau !
Quoi d’9 sur les rives de Rilly-sur-Loire ?
La Direction départementale du Territoire a entrepris des travaux de nettoyage et de libération des boires végétalisées. Le fleuve pourra ainsi prendre ses aises ce qui ouvrira l’opportunité de nouvelles balades à la découverte de ces petites oasis de Loire riches en faune et en flore.
Quoi d’9 au port de Chaumont-sur-Loire ?
Saluons les départs proches de nos 2 saisonniers Paul et Thomas. Ils ont contribué avec talent à la réussite de la haute saison 2018, et ont émis le souhait de reprendre du service l’année prochaine. À Millière Raboton, nous nous en réjouissons.
Quoi d’9 sur le chantier de restauration ?
C’est Thomas qui raconte. « Il y a quelques jours, lorsque nous étions sur le chantier de restauration de bateaux au port de Chaumont sur Loire, un étrange individu muni d’une caméra type “gopro” et d’un cerf-volant est venu à notre rencontre pour nous proposer de faire des photos aériennes avec son drôle d’attirail. » L’étrange individu est un touriste passionné par les cerfs volants. Il ne voyage jamais sans en emporter dans ses bagages. L’idée lui est venue de les coupler avec une caméra et d’offrir gracieusement les photos exceptionnelles qu’il a prises. Notre chantier de plein air l’a inspiré ! Jetez un œil au résultat de l’expérience, à consommer sans modération! »
Photo Philippe Gautier
Quoi d’9 à Tours ?
Le Colloque Naviguer sur la Loire aujourd’hui. Entre héritages et nouveaux usages, co-organisé par La Mission Val de Loire et le programme Ambition Recherche Développement (ARD) Intelligence des Patrimoines, s’est déroulé les 26, 27, 28 septembre derniers. Nos guides-pilotes et des membres du CA y ont participé. Voici quelques extraits de la conclusion de ce colloque qui fut, aux dires des assistants, passionnant.
« Le paysage est un héritage plus que sur d’autres fleuves, parce qu’il associe des composantes monumentales, culturelles, rurales et fluviales… La Loire de par son régime, a mal résisté aux agressions à l’échelle de son bassin : barrages, extractions, nucléaire, pollutions d’origine agricole… « elle a la gueule de bois ». Ne pas sous-estimer la crise environnementale… La Loire est donc fragile… Davantage que de nécessaires règlements, elle a besoin de confronter des points de vue, de partage du territoire négocié entre le développement de la batellerie et le respect de son patrimoine naturel. »
Pour prolonger ce « partage du territoire négocié entre le développement de la batellerie et le respect de son patrimoine naturel », nos guides-pilotes Millière Raboton vont accueillir en fin de semaine, au port de Chaumont, leurs homologues de L’Observatoire de Loire de Blois, La Rabouilleuse de La Rochecorbon et du bateau Cherlock de Montrichard.
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Ceux d’Loire
Thomas B.
Guide-pilote Millière Raboton
Visage souriant, yeux pétillants, une douce et énergique amabilité émane de Thomas. Fidèle saisonnier de Millière Raboton depuis 2016, il s’inscrit en souplesse dans les activités estivales parfois hivernales (réfection des bateaux). Son retour comme celui des hirondelles, annonce le démarrage de la haute saison, il participe ainsi à cette embellie rituelle de l’année avec sa générosité et son allant.
Avant la passion du voyage
« Je suis né à Paris où j’ai passé mes premières années. À l’âge de 3 ans, mes parents sont venus s’installer à Pontlevoy. Parcours sans histoire jusqu’à l’obtention d’un Bac STI (sciences des techniques et de l’industrie électronique)… À l’époque, et même bien avant, je ne me situais pas très bien et ne savais quoi faire de l’avenir qui s’ouvrait devant moi. »
La vie active
« Il me fallait entrer dans la vie active. Mon premier travail, je l’ai effectué dans l’aéronautique auprès de l’entreprise DAHER de Montrichard. J’ai passé mon permis auto et, conséquemment, j’ai acheté une voiture. Me voilà parti en été pour l’Espagne, c’est au cours de ce périple que s’est concrétisée ma passion du voyage. Je suis rentré et me suis lancé dans plein de petits boulots par interim, entre autre dans l’infographisme. Ma plus longue mission a été de 5 mois. Je me suis fixé alors un point d’honneur : rester libre en travaillant certes pour être autonome mais sans me laisser absorber par une activité par trop envahissante »
Le voyage pour horizon
« Il m’a semblé que ma vie prenait tout son sens avec les voyages : virée en Belgique, vendanges en Suisse, balade irlandaise, 2 séjours au Brésil, sac à dos (le 1er de 3 mois – j’avais 20 ans – le second de 4 mois), 1 mois en Thaïlande, participation à des chantiers en écoconstruction et permaculture au Maroc (Marrakech). En Europe et au Maroc, je me déplaçais sac à dos ou en camion.
La vie en camion
« Je vis la majeure partie de l’année en camion et ce, depuis 8 ans. Ce camion, je l’ai acheté à Claude Chéron. C’est une sorte de minibus vitré qui était destiné auparavant aux déplacements d’une équipe de foot. J’apprécie de voyager en camion, c’est, pour moi, l’opportunité d’être autonome et d’oublier la recherche d’hébergement. J’aime cette liberté, source de rencontres et de découvertes. Pendant ma saison Millière Raboton, le camion stoppe à la ferme du Plessis à Rilly-sur-Loire.»
Une philosophie
Thomas s’accorde à dire que ce qui anime son art de vivre, tel qu’il le pratique au jour le jour, c’est de vivre au contact de la nature dans une optique de recherche personnelle ou collective d’autosuffisance. Il porte un grand intérêt aux projets alternatifs qui visent à proposer, en particulier, un autre modèle social avec apport de solutions mises en pratiques. Dans cet esprit, il fréquente des lieux (conférences, rencontres…) ou des groupes porteurs de concepts nouveaux. Thomas s’est engagé pendant une dizaine d’années auprès de l’association EMULATION* de Montrichard dont le but est de valoriser et favoriser les initiatives en faveur de l’environnement ou de causes humanitaires. Cette association s’autofinance, grâce à l’organisation d’événements sociaux culturels avec l’aide de centaines de bénévoles. Un exemple probant : un festival autogéré accueillant un millier de personnes…
L’avant Millière Raboton
« Avant de découvrir Millière Raboton, j’ai vécu une expérience sur l’eau, à Montrichard, dans un club de canoés. J’ai bien aimé le plein air et le contact avec les gens. En 2010 avec des amis, nous avons construit un radeau avec pour objectif de descendre la Loire et de rallier l’océan en y mettant le temps qu’il faudrait, en toute liberté. De fait, le périple a duré 13 jours. La grande idée résidait en un assemblage du radeau par modules faciles à monter et à remonter sur place. Notre radeau hissait fièrement une voile latine… qui s’est avérée quasiment inutile car l’on a découvert très vite que les vents dominants sur la Loire venaient de l’Ouest. Sa mise à l’eau a eu lieu sur la plage de Rilly-sur-Loire. Très vite on a appris à lire l’eau : le radeau s’est révélé beaucoup plus difficile à manœuvrer qu’une toue… On prenait des renseignements auprès des locaux pour passer les ponts. Nous avons atteint Nantes après avoir connu quelques frayeurs aux passages de pont ou en rencontrant des épis en Anjou. Une fois, la marée nous a « eus » : nous nous étions amarrés sec à la digue pour dormir, la marée qui se ressent bien en amont de Nantes, est redescendue provoquant l’échouage de notre radeau à 45° sur la digue… »
L’aventure Millière Raboton
« En 2016, je suis devenu saisonnier Millière Raboton. Christian Decroix était président. Je n’ai pas connu Jean Ley. J’ai passé mon permis fluvial avec attestation spéciale passagers aidé, en cela, par l’association. J’ai retrouvé Claude Chéron (bénévole Millière Raboton) celui-là même qui m’a vendu mon camion quelques années auparavant. Mon intégration au sein de Millière Raboton s’est effectuée en période de crue. C’était nouveau pour moi. La saison 2018 correspond à ma 3ème année de saisonnier Millière Raboton. Cette année j’ai assumé une mission de 7 mois. J’apprécie l’esprit du CA qui s’est ouvert à de nouveaux venus et suis fier de bénéficier d’une certaine indépendance qui correspond à mes valeurs. L’association fonctionne. Il y a un élan, une dynamique. Les choses se structurent de mieux en mieux et ce, en corrélation avec l’esprit Millière Raboton… Même si le métier se révèle très prenant par son amplitude horaire, j’estime que nous – salariés et bénévoles – nous avons une grande liberté. C’est formidable de gérer notre temps, par semaine, comme nous l’entendons dans le cadre de l’activité bien sûr. S’il y a un temps mort, on peut, par exemple, installer des panneaux solaires sur la toue cabanée, améliorer notre outil de travail… C’est génial d’imaginer d’autres types de sorties… »
Des saisons à vivre
« Vivant dans une région très agricole et pauvre en relief, pour moi, il n’y a que la Loire pour offrir un si grand terrain de jeux relativement sauvage et préservé. C’est ce qui me fait vibrer : demeurer au plus proche de la nature et laisser passer les saisons en les vivant pleinement. À l’automne, par exemple, partir à la cueillette des champignons… L’hiver n’étant pas fan de la grisaille je tente de suivre les hirondelles et autres migrateurs pour des latitudes plus clémentes. Le printemps, c’est l’un des moments choisis pour apprécier la nature qui se réveille en beauté de son long sommeil hivernal »
Vivement le printemps prochain pour partir en balade avec Thomas, guide-pilote saisonnier Millière Raboton et nomade par cœur !